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Les aventures d'Haffy
4 janvier 2012

Liquidateur

Le 30 au matin, le facteur a sonné et Alain m'a tendu le recommandé. Quelle jolie fin d'année que ce courrier me rappelant ces jours si difficiles du mois de décembre et confirmant officiellement mon licenciement. Lettre aride, termes arides, aucune chaleur, pas une once d'humanité dans ces paragraphes listant les articles de loi ouvrant mes droits à ... A quoi exactement ? A date, ^m après une viste au Pôle Emploi, je suis perplexe quant aux choix qui me sont offerts : CSP ? ARE ? Acronymes dont je ne suis pas familière mais que j'apprends à découvrir car nous sommes nombreux à nous poser les ^m questions. Le hasard a voulu qu'à mes côtés se présentent un ouvrier LTC : nous avions tous les deux la ^m lettre en main et ^m si la situation ne s'y prêtait pas, nous avons ri et échangé un peu de notre passé commun.

Câline racontait ses aventures téléphoniques au bureau de l'agence. A des années d'intervalle, nous avions pourtant la ^m démarche : personnaliser les appels. J'ai rarement laissé les clients m'appeler "Madame" optant pour le prénom ^m si cela sous-entendait que je retourne un titre à mes correspondants. Humaniser la relation, créer un vrai lien avec lesclients. C'était le but de départ, l'idée que j'avais eue sous Anne, démarrer un service qui soit dédié aux demandes des clients, qui noue un contact réel avec l'appelant. C'était une bonne idée, qui a très bien fonctionné jusqu'à l'intervention désastreuse de notre ex-cyberpresident. Detry nous avait expliqué, quelque part dans une grande salle du labo, que la richesse des sociétés tenait en leur personnel et leurs clients. Pour le premier, des directeurs étaient nécessaires mais les petites mains restaient essentielles. Pour les seconds, mon service était apte. Il a honoré ses paroles : voilà un homme qui en 6 mois de temps a tout appris du laboratoire et de son fonctionnement, des hommes jusqu'aux machines, côté image, côté son. Il m'a entraînée à ses côtés et j'ai adoré travailler avec lui parce que c'était un grand patron, tout simplement. Capable d'être cassant, il savait pourtant être drôle et attentionné. Je regrette qu'il n'ait malgré tout été qu'un financier, l'homme qui s'est désintéressé de nous une fois les sociétés reprises et remises sur de bonnes rails.

Mais j'ai aussi adoré ma fonction parce qu'elle m'a permis d'écouter de merveilleuses histoires, de rencontrer des gens extraordinaires : le personnel du laboratoire et nos clients. Le CNC nous a décrits comme des artistes. Nous n'étions pas des artistes, nous étions des humains merveilleux. Le laboratoire était avant tout une usine mais une usine dédiée aux rêves car le cinéma reste un monde magique. Je me souviens de la rumeur qui a précédé la sortie de "La haine". Les couloirs bruissaient du talent de ce nouveau film, de ce jeune réalisateur. Chacun tentait de se glisser dans les salles de projection, ne serait-ce que pour apercevoir quelques images de cet ovni. Monsieur Morin, si réservé habituellement, est venu me sortir de mon bureau, un franc sourire à demi caché par sa barbe, pour me proposer de regarder une bobine. Une bobine, ce sont 20 minutes. Etonnée par cette inhabituelle hardiesse de sa part, je l'ai suivi. 20 minutes extraordinaires : noir & blanc, images très contrastées tirées sur de la pellicule son, une révolution pour mes yeux et pour ma tête. Comme pour les histoires appréciées, ce que je venais de voir avait bousculé ma matière grise : il fallait que j'y pense. Et repense encore. Aucun autre film n'a provoqué cette émotion chez nous, pas ^m le merveilleux "Intouchables". 

A l'époque de la trilogie du Seigneur des Anneaux, nous étions plus versés dans la confidentialité. Une image, sans rapport, me revient à l'esprit : Disney devait visiter nos locaux. Nous avions donc été tous priés de revêtir des blouses blanches dont le port était obligatoire dans les services fabrication et comme je croisais deux administratifs ainsi vêtus, Dominique m'a souri en me disant avoir songé à rajouter des oreilles de Mickey à sa tenue. Mais ... n'étant pas certain que les officiels apprécieraient, il avait opté pour la sobriété ! WARF !! Grand fou-rire de notre trio.

Un peu plus tard, Cho Ming m'a appelée contestant la facturation d'un titre, le Printemps quelque chose. Impossible de trouver ce titre dans la base sauf à le conjuguer avec la trilogie, une idée subite liée à la date. Sus aux pirates : afin d'éviter le vol, chaque volet portait un nom d'emprunt sur les boites ! Sur 3 années d'affilée, à chaque sortie, le distributeur nous laissait une copie à disposition, que le personnel puisse aussi profiter de son travail. J'ai aimé mais reste persuadée que le cinéma ne devrait pas produire de si longs films : trop d'images, trop d'action ou d'inaction, l'attention se disperse toujours à un certain moment car ce n'est plus une histoire que l'on déroule mais un pavé littéraire que l'on vous demande d'absorber. Et ^m si j'aime lire parce que j'adore que l'on me raconte des histoires, je sais quand la nécessité de poser le pavé se fait sentir, l'instant où l'on doit quitter la trame parce que l'attention, aussi volontaire soit-elle, n'y est plus ou plus tout à fait.  

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Commentaires
C
Chère Haffy ... As-tu resenti comme moi l'incompréhension de ceux qui sont censés nous aider à trouver du travail ? Et encore, vous n'êtes qu'au début des démarches, de cette traversée du désert, de ce long chemin vers la Terre Promise ... Le JOB qui vous fait quitter la liste des demandeurs d'emploi ... J'en suis toujours revenue à la fois furieuse et démoralisée !<br /> <br /> Alors, je te le dis : serres les dents, ravale ta fierté ... Car pour le moment, les plus forts, ce sont eux, ces fonctionnaires débordés qui vont d'abord te faire croire que tu "NE SAIS PAS CHERCHER DU TRAVAIL", ni te "VENDRE", ni faire un C.V. depuis 18 ans que tu étais en poste ... Enfin bref, tu vois ce que je veux dire. Alors prends ton courage à deux mains !<br /> <br /> Il est vrai que je m'attarde sur la première partie de ton texte mais c'est celui que je connais le mieux, hélas ! Bon courage, ma Belle ! Je suis avec toi ...
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